Toute une vie de chansons consacrée à la chanson...Son nom n'est ni dans les anthologies ni dans les dicos. Nulle part. Sauf dans le coeur des gens dont il a croisé le chemin. C'est bien simple : il enchante.
On doit se sentir fort, on doit se sentir petit aussi quand on se fait le porte voix, porte parole de tant de poètes, rassemblés ici au seul prétexte d'avoir été préalablement choisis qui par Brassens, qui par Ferré, parfois par les deux.
Grange, qui est l'humilité et la simplicité mêmes, se prête merveilleusement bien à cet exercice, lui dont la voix a la patine du classique. Pas celui des livres reliés cuir, dorés à chaud. Non, celui des livres de poches cornés, fatigués d'être si souvent feuilletés, dévorés, de ces livres bouffés aux vers qui déclament et chantent du Luc Bérimont, du Théodore de Banville et de l'Aragon, du Verlaine et du Paul Fort.
Michel Grange fait florilège de ces auteurs, adopte ces vers, ceux « des enfants non voulus/ qui deviennent chevelus/ Poètes ». Et quand je dis florilège, voyez ce que ça peut donner : L'affiche rouge, Gastibelza, je chante pour passer le temps, Est ce ainsi que les hommes vivent?, Monsieur William, Comme hier, La marine, La ballade des dames du temps jadis, Les oiseaux de passage, Marquise, Pensées des morts...et d'autres encore.
Dans la relation de ces Rencontres de la chanson de Prémilhat 2014, j'ai dit ma colère à propos d'Eric Guilleton qu'il soit injustement méconnu, jamais programmé ou si peu, car en dehors des réseaux, des clans de la chanson. Je le dis pareillement, avec la même force, de Michel grange. C'est un même scandale, pour moi un grand regret.
( NosEnchanteurs/Michel Kemper)
Source : http://nosenchanteurs.wordpress.com